Escapade alsacienne avec une première escale à la Villa René Lalique
La route tortille quelque peu, les villages alsaciens aux noms imprononçables se succèdent. Quand enfin, la maison que René Lalique avait fait bâtir en 1920 apparaît. À la belle bâtisse à colombage, typique de son époque, un écrin de verre a été apposé par l’architecte Mario Botta. Un cube contemporain en contraste qui offre une vue sur le parc et le jardin.
Accueil irréprochable, charme et professionnalisme à l’hôtel. C’est une maison au confort exclusif, qui ne compte que six suites, toutes différentes. À nous la chambre « Rose » qui décline les tons poudrés chers au créateur. Avec sa salle de bain plus grande que certains studios parisien!
Chaque pièce de mobilier a été conçue sur-mesure au sein de la Villa. Issus de la collection « Lalique Maison », les laqués beige, noir, ébène ou bleu, s’inscrivent dans le plus pur style Art Déco et viennent rendre écho aux pièces de cristal et à cette volonté de réfléchir la lumière. Il y a des décors Lalique partout, partout, partout: sur les poignées de portes, sur les lampes de chevet, sur les fauteuils.
Avant le dîner, passage obligatoire par la cave. Un havre unique de 60 000 bouteilles, tapissé de parois de verre, et qui s’articule autour d’une table d’hôtes magistrale.
Remontée vers la salle de restaurant vitrée sur trois côtés et avec une vue sur la cuisine. Les lustres sont évidemment en cristaux
Le menu peut commencer
Les amuse-bouche décrivent le parcours du chef en trois étapes, les 3 A du chef:
Autriche: Souvenir du Backhendl, le poulet du dimanche chez la grand-mère
Allemagne: Croustillant aux crevettes bleues de Bavière, laquage orange et sapin
Alsace: Matelote de brochet et œufs de truite fumés
Œuf parfait au colza, gel à l’escabèche
(dans la spectaculaire coupe « Champs Elysées » créée par Marc Lalique en 1951)
Déclinaison de betterave:
Cornet croustillant garni d’œufs de hareng fumé
Salade de betteraves crues et cuites, crémeux de fromage Sainte-Maure de Touraine, huile citronnée salée
Brunoise de pommes vertes et betterave, glace au fromage de chèvre (belle découverte que cette glace)
Lisette (jeune maquereau) grillée à l’unilatéral, avec un croustillant crémeux de lisette et pousses de fenouil
Gelée au vinaigre, mayonnaise au plancton, jus fonds de veau, barbes de St Jacques et arrêtes.
Belle complexité du jus, tendreté du poisson.
Homard bleu cuit vapeur, radis daikon confit, consommé radis rose, oseille et estragon. Dans un verre: bisque de homard en gelée, mousse épicéa, graines de moutarde soufflées.
Un très grand plat. Avec un goût fort de corail, de mer, d’iode!
Kartoffelnudeln farci avec des escargots, une crème de persil, écume végétale au raifort
Carpe de Sparsbach, céleri boule en brunoise, truffe d’hiver, purée de pommes de terre, émulsion au beurre noisette.
Belle valorisation d’un poisson mal aimé, mais le beurre alourdit un peu l’ensemble
Endive marinée à l’orange amère, émulsion cardamome et gingembre
Dos de chevreuil, croûte végétale, chou laqué, chou cru, bergamote. Jus de chevreuil infusé au café d’orge.
À côté: Bouillon de chevreuil
Encore un très beau travail sur le jus, long et profond. Belle balance entre amertume du café et l’acidité de la bergamote
Pré-dessert autour du potimarron et de la noix en crémeux, glace et croustillant à la graine de courge
Un vrai lien entre le salé et le sucré
Coings en plusieurs textures: gel, marmelade, sorbet, confit. Avec un miel travaillé en mousse et gavotte et gel au yuzu
Indispensable touche de fraicheur et de fruit
Dans l’ensemble un excellent menu, une cuisine riche, savoureuse, esthétisante. Mention spéciale pour les sauces et jus. Petit bémol sur la rapidité du service qui fait défiler trop vite les plats. On en oublie ce qu’on vient de manger et on sature un peu.
Coup de chapeau au sommelier pour des accords très justes.
Villa René Lalique
18 Rue Bellevue à Wingen-sur-Moder (France)
Tél. : +33 3 88 71 98 98
villarenelalique.comPhoto de tête: Hirmance production
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