Chaque repas au ristorante Fani est un émerveillement. Le chef Roberto veille aux équilibres et aux goûts des produits d’exception de chaque plat.
Ce n’est pas la première fois que je me rends chez Fani. Pas du tout. Mais à chaque visite, le repas est un cran au dessus de la fois précédente. Le chef va de plus en plus à l’essentiel: on peut dire que ses assiettes se simplifient, mais aussi qu’elles gagnent en lisibilité, en profondeur et en justesse.
C’est parti pour le menu Terre et Mer, un voyage en étapes vers des sommets gastronomiques.
Premier amuse-bouche, la traditionnelle feuille de riz. Cette fois aux courgettes et fleurs de courgette. C’est bien croquant, ça ouvre l’apétit.
Les bouchées:
– tartare de thon rouge, basilic
– pain de maïs, escabèche de sardine
– rigatoni soufflé avec morue et olives
– mousse de gorgonzola et clémentine (le meilleur)
Pomme d’Or et concombre:
Des tranches de concombres toutes fines et un peu sucrées, un sorbet au concombre au goût franc, et une eau de tomate, une des signatures du chef, qui finit d’apporter une suavité et un goû de reviens-y.
Huître, Eau, Caviar
Une entrée assez minimaliste. Les huîtres sont pochées et apportent une jolie texture. L’eau des huitres est gardée pour la sauce un peu crémeuse qui accompagne, le caviar est bien présent (un peu trop?).
Homard, mayonnaise de coquillages, plancton
Une composition très graphique qui donne envie de plonger dedans. Le homard est cuit juste en dessous de ce qu’on attend, ce qui lui donne une texture souple et maintient son goût iodé. Comme la mayonnaise qui sent vraiment la mer et qu’on finira avec le pain pour ne rien en perdre.
Linguine Fani, tomate, moules, marjolaine
Ce n’est pas le plus photogénique des plats et on peut penser que des pâtes, c’est un peu simple. Mais là on est dans un très haut niveau. La qualité des tomates, la profondeur qu’apportent les moules (qu’on ne détecte pas vraiment) donnent un goût qui emballe la bouche et une texture souple que je ne suis pas prête d’oublier.
Risotto à l’orange, olives, beurre fumé
Malgré un choix d’assiette assez peu esthétique, cet envoi est tout à fait réussi. On sent d’abord le côté fumé du beurre, puis l’amertume de l’olive, puis la fraîcheur de l’orange et on revient au côté crémeux, réconfortant et lacté.
Bœuf Fassona
Les Italiens ont l’art de mettre en valeur les produits pour ce qu’ils sont. Ici, une tranche de ce bœuf piémontais qui fond dans la bouche. On sent un côté grillé et fumé totalement addictifs. Elle se suffirait à elle-même mais les petites pointes de légumes apportent encore des goûts et des textures supplémentaires et le jus de viande relevé à la menthe donne un kick parfait.
Hibiscus, oxalis et framboises
Un premier dessert qui a l’air simple. Le petit chou est léger et aérien. La framboise est très présente sans être écœurante et les plantes donnent de la fraîcheur.
La pêche et l’amande
Un dessert tout à fait de saison. La glace aux amandes est douce, pas trop sucrée. Un sirop de pêche est versé et apporte la bonne quantité de sucre sur l’œuf à la neige qui cache une compote de pèches.
On n’oubliera pas le service tout à fait au point, précis dans les énoncés, compétent dans les gestes, à l’aise sans être familier. Giovanni Curcio mène l’équipe depuis la triste disparition d’Alexandre Gerard. Le sommelier est toujours de très bons conseils. Il ose des accords parfois audacieux comme un Lambrusco rosé avec les huîtres. Il n’est pas avare en explications sur ses choix de vin et sur sa manière de les accorder aux plats.
Fani, une adresse de haut vol. On est fan.
Ristorante Fani
51, Grand Rue à Roeser (Luxembourg)
Tel.: +352 26 65 06 60
fani.lu