La réouverture de cette adresse un peu facilement qualifiée de « mythique » était attendue. Première bonne expérience
On a connu le « Théâtre de l’Opéra », lieu aussi gastronomique que festif, autour des années 2005-2010. Puis un éphémère restaurant corse baptisé L’Ambassade. La Petite Maison lui a succédé, avant qu’en 2019, le nom Opéra revienne sur la façade, finalement fauché par le Covid et ses conséquences en décembre 2023. C’est peu dire que l’adresse a connu des hauts et des bas, grandeur et décadence. Et que sa réouverture, toujours à l’enseigne de l’Opéra est observée à la loupe.
Derrière ce projet, on trouve un investisseur belge, Bruno Dogné, qui connaissait l’endroit pour y avoir vendu la cuisine « dans une autre vie »; sa femme Paula Reis Dos Santos, versée dans l’immobilier et un architecte français, Marc Laroche. Le trio se lance dans plusieurs projets de restaurants et hôtels, l’Opéra sera leur carte de visite pour la suite, de l’autre côté de la frontière, à Longwy.
La maison étant en partie classée, les travaux ont surtout consisté en une remise en état, notamment du parquet qui avait souffert d’un hiver sans chauffage. Mais on retrouve les mêmes espaces qu’avant: une petite salle surélevée, voisine de la salle principale, puis deux étages aménagés, qui peuvent être privatisés. En tout, on compte 90 couverts, sans oublier l’extérieur, lui aussi, rénové. Les murs peints en noir sont rehaussés des tableaux de Frank Jons.
La visite guidée est terminée, on peut passer à table. La carte est signée par le chef Philippe Mille qui œuvre ici en chef consultant, rôle qu’il avait déjà tenu à l’ouverture des Jardins d’Anaïs en 2018. Ce Champenois a dirigé les cuisines du Domaine des Crayères, à Reims pendant quatorze ans où il a obtenu deux étoiles. Tout récemment, il a ouvert son propre restaurant, Arbanne, toujours à Reims.
Il annonce qu’il sera présent à Luxembourg toutes les semaines pour veiller au grain. L’exécution de la cuisine est confiée à Jean-Marc Hazée, un chef belge qui a pas mal bourlingué d’adresses en adresses (Le Presbytère, L’Edelwyss, Brasserie Kirchberg, Beaux-Arts). « C’est bien d’avoir un chef expérimenté qui peut apporter sa touche à la cuisine », confie le patron.
La carte lorgne vers la bistronomie (même si Bruno Dogné « déteste ce terme ») avec des plats qui devraient séduire la clientèle locale pour le côté rassurant des intitulés: œuf parfait sauce meurette, pavé de thon Rossini, ris de veau, vol au vent, entrecôte, tartare… Le prix semblent raisonnables, en particulier pour le menu du midi à 37 euros pour trois services.
On commence avec un carpaccio de daurade, avec un crémeux au citron, une glace citron et huile d’olive. La découpe est agréable mais ça manque de peps et d’assaisonnement.
Le plat est très gourmand: Vol au vent avec ris de veau, écrevisses et cèpes. C’est un plat signature de Philippe Mille. C’est riche sans être pesant, le feuilletage est léger et il y a une petit terrine à côté pour le « goût de revenez-y ».
En dessert, on opte pour le riz au lait, caramel liquide et fruits secs. Pas d’excès de sucre mais trop de fruits secs.
La carte des vins est bien équilibrée au niveau des prix. Plus de références luxembourgeoises devraient renforcer l’offre. Pour un premier soir, on part sous de bonnes augures. Reste à observer comment l’équipe se débrouille quand le grand chef n’est pas là. Il faudra notamment que le service se rode pour assurer plus de rythme, mieux maitriser la carte et les codes de ce genre d’établissement.
L’Opéra
100, rue de Rollingergrund (Luxembourg)
Tél: +352 267 710 80
lopera.lu