Il nous faut (ré)apprendre à manger selon les saisons et ne pas se laisser avoir par les rayons de supermarchés remplis à coup de bilan carbone désastreux.
Des fraises sur les étals des supermarchés en février, des influenceuses se gaussant devant quelques tranches d’avocat, des gâteaux de Saint Valentin avec des framboises fraîches, des morceaux de tomates tous les jours de l’année dans le salad bar de la cantine, des haricots du Kenya, des oranges d’Afrique du Sud, des asperges du Pérou…
C’est forcément la saison quelque part… mais pas ici!
Ce qui était autrefois un luxe est aujourd’hui devenu la règle: les fruits et les légumes empruntent quotidiennement camions, bateaux et avions pour venir garnir nos rayons et nos assiettes. Les échanges commerciaux mondialisés nous permettent d’avoir accès à tout, tout le temps. Mais ce n’est pas pour ça que c’est une bonne idée!
Les fruits et les légumes, comme d’ailleurs les poissons et la viande, vivent, croissent et poussent à certains moments de l’année, sous certaines latitudes. Oui, ma bonne dame, ça s’appelle les saisons.
Et pour obtenir des fruits et légumes hors-saison, il faut les cultiver loin de chez nous, par exemple dans l’hémisphère sud où les saisons sont inversées ou sous serre. Des quantités de pétrole et de gaz à effet de serre sont indispensables pour les faire parvenir jusqu’à nous, des kilowatts sont nécessaires pour chauffer les serres.
Et ce n’est pas seulement ma conscience écologique qui parle, c’est tout simplement mon goût. Hors saison, les fruits et légumes ne sont pas bons! Cultivés sous serre et hors sol (avec des nutriments dans de l’eau), ils ne mûrissent pas au soleil, sont récoltés avant leur pleine maturité et ont peu de saveur. Leur mode de culture et les longs transports réduisent considérablement leurs bienfaits pour la santé en diminuant leur teneur en nutriments, vitamines et minéraux.
SI ÇA VIENT D’ESPAGNE, CE N’EST PAS BON SIGNE
Les fruits espagnols et les fraises en particulier sont en grande partie produits dans le parc National de Doñana. Ce parc est massacré depuis une vingtaine d’années pour établir des zones entières dédiées à la fraise: 10.000 hectares ont été débarrassés des nombreux oiseaux et lynx protégés jusqu’alors.
La production de ces fruits requiert énormément d’eau ce qui épuise les nappes phréatiques et met en danger la population locale.
Mais surtout, le sol est « nettoyé » chaque automne avec divers produits (bromure de méthyl, chloropicrine…) dangereux qui minent la santé et la vie des travailleurs, généralement des immigrés africains, souvent illégaux et sous-payés, qui cultivent ces fraises.
ON FAIT COMMENT?
Cette habitude de consommer de tout toute l’année est-elle une demande de consommateurs ou un besoin créé par le marketing? Autant poser la question de la poule et de l’œuf…
« Si on continue à en vendre, c’est qu’il y a une demande », rétorquent les grandes surfaces en chœur. C’est donc aussi à nous, consommateur de réagir. Il ne tient qu’à nous de boycotter et de ne pas nous laisser avoir par ces arnaques environnementales et gustatives.
Vous ne pouvez (voulez!) pas vous en passer? Faites des conserves en été quand c’est la saison, faites des confitures, déshydratez ou congelez les fruits… Et apprenez de nouvelles recettes avec les légumes de saison.
Article initialement paru sur RTL 5 minutes